Définition
Le mécanisme qui nous permet de faire
une mise au point lorsque l'on regarde quelque chose de loin puis quelque chose de près, est appelée « l’accommodation ».
Histoire
Le phénomène de l’accommodation n’est pratiquement pas évoqué dans la
littérature jusqu'au XVIIe siècle.
Jusqu'à cette époque, le mécanisme de la vision
n’était pas correctement compris. De plus, la durée de vie moyenne ne dépassait
guère quarante-cinq ans, ce qui ne laissait pas le temps aux humains
d’atteindre l’âge de la presbytie !
Enfin, l’usage de la
loupe était courant depuis l’antiquité et les joailliers ont su très tôt
tailler le verre et les pierres transparentes selon une forme convexe.
La première mention
claire du phénomène de l’accommodation est apportée en 1604 par Kepler ;
dans un second ouvrage de 1611, il évoque un déplacement du cristallin pour
expliquer la mise au point de près, ce qui est la première affirmation du rôle
du cristallin.
Il faut attendre 1637
pour que René Descartes évoque une modification de forme du cristallin dans le
phénomène de l’accommodation. C’est cette théorie fondée sur la courbure d’une
lentille qui lui fait évoquer l’accommodation par augmentation de la courbure
de la face antérieure ou de la face postérieure du cristallin. Il est le
véritable inventeur d’une théorie qui n’a plus jamais été contestée par la
suite.
Après ce bouillonnement
intellectuel du début du 17e siècle, il n’y aura pas
d’avancée majeure jusqu'au milieu du 19e siècle.
C’est
H. L. Von Helmholtz qui reste attaché à la théorie moderne de
l’accommodation. Ce scientifique, physiologiste et acousticien démontre la
modification de la face antérieure du cristallin. Il note l’absence de
modification de la face postérieure du cristallin. Il relie de façon certaine
la modification de courbure de la face antérieure du cristallin à l’action du
muscle ciliaire par l’intermédiaire de la zonule. Il pose surtout comme
postulat que le cristallin à l’état de repos accommodatif (vision de loin) est
mis sous tension par la zonule et que c’est le relâchement de cette tension qui
laisse le cristallin reprendre une forme plus bombée qui est sa forme de
repos. Elle permet donc d’expliquer la
presbytie par une perte du pouvoir du cristallin de revenir à sa position de
repos du fait du durcissement des fibres.
Bien qu’elle
n’explique pas tout le mécanisme de l’accommodation, la théorie de Helmholtz va
rester utilisée par tous les auteurs jusqu'à nos jours.
Physiologie
À
l’état non accommodé, le muscle ciliaire n’est pas contracté. Il tend la zonule
qui déforme le cristallin en étirant sa face antérieure et donc en réduisant sa
puissance optique. Au cours de l’accommodation, le rayon de courbure antérieur
passe de 10 mm à 6 mm et le rayon de courbure postérieur de 6 mm
à 5,5 mm.
Le
mouvement du muscle ciliaire induit un relâchement des fibres zonulaires
portant surtout sur les fibres s’attachant à la partie antérieure du
cristallin. Sous l’effet de l’élasticité de la capsule cristallinienne et de la
pression accumulée par les fibres du cristallin, la face antérieure tend à se
rapprocher d’une forme sphérique et donc augmenter son pouvoir réfractif.
Valeurs d'amplitude accommodative
Les valeurs de l’accommodation varient selon la mesure et l’âge.
On a pu mesurée chez le nourrisson une accommodation semi-objective de plus
de 14 dioptries (D). On estime qu’à partir de vingt semaines de vie, l’accommodation
atteint une amplitude proche de celle d’un adulte jeune. On observe ensuite un
plateau jusque vers vingt-cinq ans, où la réserve accomodative reste
supérieure à 7 D.
Après, le pouvoir accommodatif décroît rapidement jusqu'à la quatrième
décennie. Cette décroissance devient quasi linéaire jusque vers quarante-cinq
ans. Enfin, la décroissance du potentiel accommodatif résiduel devient plus
lente.
Si ce résidu accommodatif est objectivement mesuré à moins de 0,25 D
après l’âge de cinquante-cinq ans, une faculté d’adaptation à la vision de près
n’en reste pas moins possible, comprise entre 0,50 D et 1,5 D.
Le myosis sénile, par exemple, contribue à l’augmentation de la profondeur
de champ offrant un potentiel pseudo-accommodatif résiduel
variable.