dimanche 28 janvier 2018

Théorie de l'accommodation

Définition
Le mécanisme qui nous permet de faire une mise au point lorsque l'on regarde quelque chose de loin puis quelque chose de près, est appelée « l’accommodation ».


Histoire
Le phénomène de l’accommodation n’est pratiquement pas évoqué dans la littérature jusqu'au XVIIe siècle. Jusqu'à cette époque, le mécanisme de la vision n’était pas correctement compris. De plus, la durée de vie moyenne ne dépassait guère quarante-cinq ans, ce qui ne laissait pas le temps aux humains d’atteindre l’âge de la presbytie !
Enfin, l’usage de la loupe était courant depuis l’antiquité et les joailliers ont su très tôt tailler le verre et les pierres transparentes selon une forme convexe.

La première mention claire du phénomène de l’accommodation est apportée en 1604 par Kepler ; dans un second ouvrage de 1611, il évoque un déplacement du cristallin pour expliquer la mise au point de près, ce qui est la première affirmation du rôle du cristallin.
Il faut attendre 1637 pour que René Descartes évoque une modification de forme du cristallin dans le phénomène de l’accommodation. C’est cette théorie fondée sur la courbure d’une lentille qui lui fait évoquer l’accommodation par augmentation de la courbure de la face antérieure ou de la face postérieure du cristallin. Il est le véritable inventeur d’une théorie qui n’a plus jamais été contestée par la suite.
Après ce bouillonnement intellectuel du début du 17e siècle, il n’y aura pas d’avancée majeure jusqu'au milieu du 19e siècle.

C’est H. L. Von Helmholtz qui reste attaché à la théorie moderne de l’accommodation. Ce scientifique, physiologiste et acousticien démontre la modification de la face antérieure du cristallin. Il note l’absence de modification de la face postérieure du cristallin. Il relie de façon certaine la modification de courbure de la face antérieure du cristallin à l’action du muscle ciliaire par l’intermédiaire de la zonule. Il pose surtout comme postulat que le cristallin à l’état de repos accommodatif (vision de loin) est mis sous tension par la zonule et que c’est le relâchement de cette tension qui laisse le cristallin reprendre une forme plus bombée qui est sa forme de repos. Elle permet donc d’expliquer la presbytie par une perte du pouvoir du cristallin de revenir à sa position de repos du fait du durcissement des fibres.
Bien qu’elle n’explique pas tout le mécanisme de l’accommodation, la théorie de Helmholtz va rester utilisée par tous les auteurs jusqu'à nos jours.

Physiologie
À l’état non accommodé, le muscle ciliaire n’est pas contracté. Il tend la zonule qui déforme le cristallin en étirant sa face antérieure et donc en réduisant sa puissance optique. Au cours de l’accommodation, le rayon de courbure antérieur passe de 10 mm à 6 mm et le rayon de courbure postérieur de 6 mm à 5,5 mm.
Le mouvement du muscle ciliaire induit un relâchement des fibres zonulaires portant surtout sur les fibres s’attachant à la partie antérieure du cristallin. Sous l’effet de l’élasticité de la capsule cristallinienne et de la pression accumulée par les fibres du cristallin, la face antérieure tend à se rapprocher d’une forme sphérique et donc augmenter son pouvoir réfractif.
                           
Valeurs d'amplitude accommodative
Les valeurs de l’accommodation varient selon la mesure et l’âge.
On a pu mesurée chez le nourrisson une accommodation semi-objective de plus de 14 dioptries (D). On estime qu’à partir de vingt semaines de vie, l’accommodation atteint une amplitude proche de celle d’un adulte jeune. On observe ensuite un plateau jusque vers vingt-cinq ans, où la réserve accomodative reste supérieure à 7 D.
Après, le pouvoir accommodatif décroît rapidement jusqu'à la quatrième décennie. Cette décroissance devient quasi linéaire jusque vers quarante-cinq ans. Enfin, la décroissance du potentiel accommodatif résiduel devient plus lente.
Si ce résidu accommodatif est objectivement mesuré à moins de 0,25 D après l’âge de cinquante-cinq ans, une faculté d’adaptation à la vision de près n’en reste pas moins possible, comprise entre 0,50 D et 1,5 D.
Le myosis sénile, par exemple, contribue à l’augmentation de la profondeur de champ offrant un potentiel pseudo-accommodatif résiduel variable.